Poem of the day

La Courbe de tes yeux
by Paul Éluard (1895-1952)

La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,
            Un rond de danse et de douceur,
   Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
      Et si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu
   C’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu.

      Feuilles de jour et mousse de rosée,
      Roseaux du vent, sourires parfumés,
      Ailes couvrant le monde de lumière,
      Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

      Parfums éclos d’une couvée d’aurores
      Qui gît toujours sur la paille des astres,
      Comme le jour dépend de l’innocence
   Le monde entier dépend de tes yeux purs
   Et tout mon sang coule dans leurs regards.

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Poem of the day

Der Asra
by Heinrich Heine (1797-1856)

Täglich ging die wunderschöne
Sultantochter auf und nieder
um die Abendzeit am Springbrunn,
wo die weißen Wasser plätschern.

Täglich stand der junge Sklave
um die Abendzeit am Springbrunn,
wo die weißen Wasser plätschern,
täglich ward er bleich und bleicher.

Eines Abends trat die Fürstin
auf ihn zu mit raschen Worten:
»Deinen Namen will ich wissen,
deine Heimath, deine Sippschaft.«

Und der Sklave sprach: »Ich heiße Mohamet
und bin aus Yemen,
und mein Stamm sind jene Asra,
welche sterben, wenn sie lieben.«

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Game of the week

It is with great sadness that I learned of the recent death of Dr. Edward Epp, a friend and regular on the New England chess scene ever since I started playing. As a tribute to Ed, I present a win of his over the winniest player ever.

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Poem of the day

La nuit de décembre
by Alfred de Musset (1810-1857)

               LE POÈTE

Du temps que j’étais écolier,
Je restais un soir à veiller
Dans notre salle solitaire.
Devant ma table vint s’asseoir
Un pauvre enfant vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Son visage était triste et beau;
À la lueur de mon flambeau,
Dans mon livre ouvert il vint lire.
Il pencha son front sur sa main,
Et resta jusqu’au lendemain,
Pensif, avec un doux sourire.

Comme j’allais avoir quinze ans,
Je marchais un jour, à pas lents,
Dans un bois, sur une bruyère.
Au pied d’un arbre vint s’asseoir
Un jeune homme vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Je lui demandai mon chemin;
Il tenait un luth d’une main,
De l’autre un bouquet d’églantine.
Il me fit un salut d’ami,
Et se détournant à demi,
Me montra du doigt la colline.

À l’âge où l’on croit à l’Amour,
J’étais seul dans ma chambre un jour,
Pleurant ma première misère.
Au coin de mon feu vint s’asseoir
Un étranger vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Il était morne et soucieux;
D’une main il montrait les cieux,
Et de l’autre il tenait un glaive.
De ma peine il semblait souffrir,
Mais il ne poussa qu’un soupir,
Et s’évanouit comme un rêve.

À l’âge où l’on est libertin,
Pour boire un toast en un festin,
Un jour je soulevais mon verre.
En face de moi vint s’asseoir
Un convive vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Il secouait sous son manteau
Un haillon de pourpre en lambeau,
Sur sa tête un myrte stérile.
Son bras maigre cherchait le mien,
Et mon verre, en touchant le sien,
Se brisa dans ma main débile.

Un an après, il était nuit;
J’étais à genoux près du lit
Où venait de mourir mon père.
Au chevet du lit vint s’asseoir
Un orphelin vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Ses yeux étaient noyés de pleurs;
Comme les anges de douleurs
Il était couronné d’épine;
Son luth à terre était gisant,
Sa pourpre de couleur de sang,
Et son glaive dans sa poitrine.

Je m’en suis si bien souvenu
Que je l’ai toujours reconnu
À tous les instans de ma vie.
C’est une étrange vision,
Et cependant, ange ou démon,
J’ai vu partout cette ombre amie.

Lorsque plus tard, las de souffrir,
Pour en vivre ou pour en finir,
J’ai voulu m’exiler de France;
Lorsqu’impatient de marcher,
J’ai voulu partir, et chercher
Les vestiges d’une espérance;

À Pise, au pied de l’Apennin,
À Cologne, en face du Rhin,
À Nice, au penchant des vallées;
À Florence, au fond des palais,
À Brigues, dans les vieux chalets,
Au sein des Alpes désolées;

À Gênes, sous les citronniers;
À Vevay, sous les verts pommiers;
Au Havre, devant l’Atlantique;
À Venise, à l’affreux Lido,
Où vient sur l’herbe d’un tombeau
Mourir la pâle Adriatique;

Partout où sous ces vastes cieux,
J’ai lassé mon cœur et mes yeux,
Saignant d’une éternelle plaie;
Partout où le boiteux Ennui,
Traînant ma fatigue après lui,
M’a promené sur une claie;

Partout où sans cesse altéré
De la soif d’un monde ignoré,
J’ai suivi l’ombre de mes songes;
Partout où, sans avoir vécu,
J’ai revu ce que j’avais vu,
La face humaine et ses mensonges;

Partout où le long des chemins,
J’ai posé mon front dans mes mains,
Et sangloté comme une femme;
Partout où j’ai, comme un mouton
Qui laisse sa laine au buisson,
Senti se dénuer mon âme;

Partout où j’ai voulu dormir,
Partout où j’ai voulu mourir,
Partout où j’ai touché la terre,
Sur ma route est venu s’asseoir
Un malheureux vêtu de noir
Qui me ressemblait comme un frère.

Qui donc es-tu, toi que dans cette vie
Je vois toujours sur mon chemin?
Je ne puis croire, à ta mélancolie,
Que tu sois mon mauvais Destin!
Ton doux sourire a trop de patience,
Tes larmes ont trop de pitié.
En te voyant, j’aime la Providence.
Ta douleur même est sœur de ma souffrance;
Elle ressemble à l’Amitié.

Qui donc es-tu? — Tu n’es pas mon bon ange;
Jamais tu ne viens m’avertir.
Tu vois mes maux (c’est une chose étrange!)
Et tu me regardes souffrir.
Depuis vingt ans tu marches dans ma voie,
Et je ne saurais t’appeler.
Qui donc es-tu, si c’est Dieu qui t’envoie?
Tu me souris sans partager ma joie,
Tu me plains sans me consoler!

Ce soir encor je t’ai vu m’apparaître.
C’était par une triste nuit.
L’aile des vents battait à ma fenêtre;
J’étais seul, courbé sur mon lit.
J’y regardais une place chérie,
Tiède encor d’un baiser brûlant;
Et je songeais comme la femme oublie,
Et je sentais un lambeau de ma vie
Qui se déchirait lentement.

Je rassemblais des lettres de la veille,
Des cheveux, des débris d’amour.
Tout ce passé me criait à l’oreille
Ses éternels sermens d’un jour.
Je contemplais ces reliques sacrées,
Qui me faisaient trembler la main;
Larmes du cœur, par le cœur dévorées.
Et que les yeux qui les avaient pleurées
Ne reconnaîtront plus demain!

J’enveloppais dans un morceau de bure
Ces ruines des jours heureux.
Je me disais qu’ici-bas ce qui dure
C’est une mèche de cheveux.
Comme un plongeur dans une mer profonde,
Je me perdais dans tant d’oubli.
De tous côtés j’y retournais la sonde,
Et je pleurais, seul, loin des yeux du monde,
Mon pauvre amour enseveli.

J’allais poser le sceau de cire noire
Sur ce fragile et cher trésor.
J’allais le rendre, et n’y pouvant pas croire,
En pleurant j’en doutais encor.
Ah! faible femme, orgueilleuse insensée.
Malgré toi tu t’en souviendras!
Pourquoi, grand Dieu! mentir à sa pensée?
Pourquoi ces pleurs, cette gorge oppressée,
Ces sanglots, si tu n’aimais pas?

Oui, tu languis, tu souffres et tu pleures;
Mais la chimère est entre nous.
Eh bien! adieu. Vous compterez les heures
Qui me sépareront de vous.
Partez, partez, et dans ce cœur de glace
Emportez l’orgueil satisfait.
Je sens encor le mien jeune et vivace,
Et bien des maux pourront y trouver place
Sur le mal que vous m’avez fait.

Partez, partez! la Nature immortelle
N’a pas tout voulu vous donner.
Ah! pauvre enfant, qui voulez être belle,
Et ne savez pas pardonner!
Allez, allez, suivez la destinée;
Qui vous perd n’a pas tout perdu.
Jetez au vent notre amour consumée; —
Éternel Dieu! toi que j’ai tant aimée,
Si tu pars, pourquoi m’aimes-tu?

— Mais tout à coup j’ai vu dans la nuit sombre
Une forme glisser sans bruit.
Sur mon rideau j’ai vu passer une ombre;
Elle vient s’asseoir sur mon lit.
Qui donc es-tu, morne et pâle visage,
Sombre portrait vêtu de noir?
Que me veux-tu, triste oiseau de passage?
Est-ce un vain rêve? est-ce ma propre image
Que j’aperçois dans ce miroir?

Qui donc es-tu, spectre de ma jeunesse,
Pélerin que rien n’a lassé?
Dis-moi pourquoi je te trouve sans cesse
Assis dans l’ombre où j’ai passé.
Qui donc es-tu, visiteur solitaire,
Hôte assidu de mes douleurs?
Qu’as-tu donc fait pour me suivre sur terre?
Qui donc es-tu, qui donc es-tu, mon frère,
Qui n’apparais qu’au jour des pleurs?

               LA VISION

— Ami, notre père est le tien.
Je ne suis ni l’ange gardien,
Ni le mauvais destin des hommes.
Ceux que j’aime, je ne sais pas
De quel côté s’en vont leurs pas
Sur ce peu de fange où nous sommes.

Je ne suis ni dieu ni démon,
Et tu m’as nommé par mon nom
Quand tu m’as appelé ton frère;
Où tu vas, j’y serai toujours,
Jusques au dernier de tes jours,
Où j’irai m’asseoir sur ta pierre.

Le ciel m’a confié ton cœur.
Quand tu seras dans la douleur,
Viens à moi sans inquiétude.
Je te suivrai sur le chemin;
Mais je ne puis toucher ta main,
Ami, je suis la Solitude.

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Poem of the day

A Diamond on the Hand
by Emily Dickinson (1830-1886)

A Diamond on the Hand
To Custom Common grown
Subsides from its significance
The Gem were best unknown —
Within a Seller’s Shrine
How many sight and sigh
And cannot, but are mad for fear
That any other buy.

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Poem of the day

At a Solemn Musick
by John Milton (1608-1674)

Blest pair of Sirens, pledges of Heav’ns joy,
Sphear-born harmonious Sisters, Voice, and Vers,
Wed your divine sounds, and mixt power employ
Dead things with inbreath’d sense able to pierce,
And to our high-rais’d phantasie present,
That undisturbed Song of pure content,
Ay sung before the saphire-colour’d throne
To him that sits theron
With Saintly shout, and solemn Jubily,
Where the bright Seraphim in burning row
Their loud up-lifted Angel trumpets blow,
And the Cherubick host in thousand quires
Touch their immortal Harps of golden wires,
With those just Spirits that wear victorious Palms,
Hymns devout and holy Psalms
Singing everlastingly;
That we on Earth with undiscording voice
May rightly answer that melodious noise;
As once we did, till disproportion’d sin
Jarr’d against natures chime, and with harsh din
Broke the fair musick that all creatures made
To their great Lord, whose love their motion sway’d
In perfect Diapason, whilst they stood
In first obedience, and their state of good.
O may we soon again renew that Song,
And keep in tune with Heav’n, till God ere long
To his celestial consort us unite,
To live with him, and sing in endles morn of light.

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Poem of the day

Laudabunt alii
by Quintus Horatius Flaccus (“Horace”) (65-8 BCE)

Laudabunt alii claram Rhodon aut Mytilenen
            aut Ephesum bimarisve Corinthi
moenia vel Baccho Thebas vel Apolline Delphos
            insignis aut Thessala Tempe;
sunt quibus unum opus est intactae Palladis urbem
            carmine perpetuo celebrare et
undique decerptam fronti praeponere olivam;
            plurimus in Iunonis honorem
aptum dicet equis Argos ditesque Mycenas:
            me nec tam patiens Lacedaemon
nec tam Larisae percussit campus opimae
            quam domus Albuneae resonantis
et praeceps Anio ac Tiburni lucus et uda
            mobilibus pomaria riuis.
Albus ut obscuro deterget nubila caelo
            saepe Notus neque parturit imbris
perpetuo, sic tu sapiens finire memento
            tristitiam vitaeque labores
molli, Plance, mero, seu te fulgentia signis
            castra tenent seu densa tenebit
Tiburis umbra tui. Teucer Salamina patremque
            cum fugeret, tamen uda Lyaeo
tempora populea fertur uinxisse corona,
            sic tristis affatus amicos:
“Quo nos cumque feret melior fortuna parente,
            ibimus, o socii comitesque.
Nil desperandum Teucro duce et auspice Teucro:
            certus enim promisit Apollo
ambiguam tellure nova Salamina futuram.
            O fortes peioraque passi
mecum saepe viri, nunc vino pellite curas;
            cras ingens iterabimus aequor.”

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